Montaigne et l’amitié philosophique !
Vendredi 5 février, nous étions un peu plus d’une vingtaine à partir à la rencontre de Montaigne, lors d’un Facebook Live sur la page Nouvelle Acropole Biarritz… Mais qui était ce mystérieux philosophe ? Véritable philosophe ou simple littérateur ? Grand sage ou moraliste futile ? Conciliateur généreux dans les guerres de religion ou pauvre égoïste retranché dans sa tour d’ivoire ? Stoïcien en quête de maîtrise de soi ou épicurien tourné vers le plaisir ? Chrétien sincère ou libre-penseur désinvolte ?…
Montaigne est un inclassable qui nous emmène la frontière de deux mondes : celui de la vertu, des hautes valeurs morales qui règlent l’humanité depuis la plus haute antiquité, et celui des petits plaisirs de la vie, de la subjectivité et du ressenti personnel comme point de départ pour cheminer dans le monde. Sa rencontre avec La Boétie et les quelques années qu’il a partagées avec lui (seulement 5 ans avant la mort de ce dernier) ont marqué au fer rouge son existence. Montaigne a écrit ses Essais pour poursuivre le dialogue qu’il ne pouvait plus avoir avec son ami. La Boétie et Montaigne ont connu une amitié comme il n’en existe que tous les trois siècles : elle n’est pas de ces amitiés fades, de ces « accointances » qui entretiennent un homme dans sa petitesse.
La Boétie était bien plus qu’un « pote », c’était un modèle – un magistrat qui assumait toutes ses responsabilités, un écrivain qui n’avait pas peur de dénoncer les abus du pouvoir, un stoïcien qui a succombé à la maladie sans pousser un gémissement. A sa manière, Montaigne a combattu le dogmatisme de son temps en suivant l’exemple de son ami hors du commun. Lorsqu’un copain nous distrait, un ami nous enseigne. Lorsqu’un complice nous corrompt, un ami nous corrige. A la fois maître et compagnon d’aventure, le véritable ami est celui qui s’encorde avec nous pour atteindre les plus hauts sommets.
Si nos démocraties modernes souffrent de quelque-chose, ce n’est certes pas de la crise économique, qui est secondaire, mais d’une crise plus profonde – celle de la fraternité, c’est-à-dire de l’amitié entre citoyens qui seule peut garantir la confiance mutuelle sur laquelle repose le respect des lois et la détermination collective de se projeter dans l’avenir.