Conférence « Éveil intérieur et voie héroïque » par Laura Winckler

Le vendredi 11 février 2022, une petite centaine de personnes ont participé, dans l’enceinte de la chaleureuse Maison Cantonale de La Bastide à Bordeaux, à une conférence basée sur les travaux du célèbre psychanalyste Carl Gustav JUNG, intitulée « Éveil intérieur et voie héroïque ». Cette conférence était animée par Laura Winckler, membre fondatrice de Nouvelle Acropole et spécialiste de l’œuvre de JUNG.

Doté d’une grande rigueur scientifique mais également d’une âme rêveuse et poétique, Carl Gustav JUNG figure dans le cercle restreint des éminents penseurs de l’inconscient humain, notamment au côté de Sigmund Freud dont il fut le disciple avant que des divergences théoriques viennent mettre un terme à leur relation.

En tant que psychanalyste, JUNG s’est penché sur la question du fonctionnement de l’être humain et de sa psyché qu’il décompose en quatre éléments. Le premier serait l’Ego qui se définit comme le siège de notre conscience et de nos perceptions, sentiments ou ressentis. Le second élément est la Persona qui s’apparente à une enveloppe, un masque que l’on revêt afin de se conformer aux exigences de la société. Vient ensuite la notion du Soi qui se traduit comme notre véritable identité existentielle, la totalité de notre être englobant le corps et l’esprit. Enfin, JUNG nous parle des Ombres que l’on peut relier à la notion de Ca de Sigmund Freud et qui sont décrites comme des facettes de notre personnalité que nous devons refouler car jugées immorales ou inacceptables pour la conscience.

En ce qui concerne le Soi, ce terme traduit l’idée que l’être humain ne saurait être réduit à un amas de composants biochimiques et qu’il existerait quelque chose de caché, d’imperceptible. Cette notion fait écho à l’idée d’âme immortelle de Platon avec laquelle nous devons rétablir un lien. Dans cette fin, Carl Gustav JUNG propose la voie de l’individuation afin de « devenir un être réellement individuel et, dans la mesure où nous entendons par individualité la forme de notre unicité la plus intime, notre unicité dernière et irrévocable »[1]. Plus qu’une réalisation de soi, il s’agit d’une véritable transmutation alchimiste. Transformer le plomb en or signifierait dans le cas présent nous libérer de nos conditionnements, triompher des faiblesses qui nous abaissent afin de nous élever et de nous accomplir. La voie de l’individuation est donc un cheminement vers un idéal, une quête nous menant à affronter les ombres qui nous diminuent et qui sont autant de gardiens des seuils de notre évolution. Un parcours initiatique, une voie héroïque.

Le héros nous dit Laura Winckler, est celui qui se redresse afin de permettre l’union entre la terre et le ciel. Il prend conscience de sa destinée sans la nier. C’est au long de ce parcours héroïque que vont s’éveiller les archétypes de l’inconscient collectif que JUNG définit comme étant des représentations, des types anciens voire originels, présents en chacun de nous de manière universelle. L’inconscient collectif puiserait en effet dans une bibliothèque de disponibilités psychiques existant sous la forme d’images virtuelles et archaïques, héritées notamment de l’expérience de nos ancêtres. Les archétypes qui s’éveillent dans le premier temps du périple sont ceux de l’Innocent, de l’Orphelin, du Guerrier et du Bienfaiteur. Ces quatre archétypes permettent de découvrir la réalité du monde et d’acquérir des compétences nécessaires telles que la confiance en soi, la discipline et la générosité.

Vient ensuite la seconde étape, celle de la Traversée, au cours de laquelle vont apparaître de nouveaux archétypes : celui du Chercheur (qui suis-je ? Où vais-je ? Développement de l’autonomie et de l’affirmation), du Destructeur (nécessité de se défaire de qui nous entrave, de nos illusions), de l’Amant (celui qui entrevoit son objectif et s’élance grâce à cette énergie d’amour) et du Créateur (résolution de l’épreuve, idée de réconciliation avec soi-même et de création de son soi).

Dans le troisième temps, celui de la sagesse, se pose la question de l’utilisation de notre expérience et du savoir acquis. Les quatre archétypes suivants sont ainsi le Gouvernant (celui qui prend son sens des responsabilités pour gouverner et pour faire régner la justice) ; le Mage (celui qui fait la liaison avec les forces de la nature) ; le Sage (celui qui se rapproche de la vérité) et enfin le Bouffon symbolisant la jubilation résultant de la prise de conscience des illusions qui nous entourent.

En ces temps de désenchantement et de perte de sens, la voie du héros apparaît comme un remède en ce qu’elle nous invite à rechercher la pleine réalisation de notre être au travers notamment de la réalisation d’un idéal. Cette voie nous permet également d’accomplir à notre échelle un geste en faveur du bien et du juste.  Il est certes tentant de se décourager en se disant que toute action réalisée à notre modeste échelle serait vaine mais tâchons de garder à l’esprit que les grandes flammes naissent de petites étincelles.

Si l’obscurité n’est que l’absence de lumière, le mal ne résulte-t-il pas de l’inaction des gens de biens ?
A l’instar d’un ciel nocturne, soyons ces étoiles qui brillent de mille feux et dont la candeur survit bien après leur disparition. D’ailleurs, les constellations ne nous montrent-elles pas la voie à l’aube du passage à l’ère du Verseau, signe zodiacal de l’individualité au service du collectif ? Citoyennes, citoyens, individuez-vous !


[1] C.G JUNG ; Dialectique du moi et de l’inconscient

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